L’Histoire de Ferdinand
Munro Leaf

L’Histoire de Ferdinand

Munro Leaf
2 min

Il était une fois, en Espagne, un petit taureau qui s’appelait Ferdinand. Tous les autres petits taureaux avec qui il vivait couraient, sautaient et se donnaient des coups de tête, mais pas Ferdinand. Lui, il aimait s’asseoir tranquillement et sentir les fleurs. Il avait un endroit préféré dans le pré, sous un chêne-liège. C’était son arbre favori et il restait toute la journée à l’ombre, à respirer le parfum des fleurs. Parfois, sa mère, qui était une vache, s’inquiétait pour lui. Elle avait peur qu’il se sente seul. « Pourquoi ne vas-tu pas jouer avec les autres petits taureaux, courir et donner des coups de tête ? » lui disait-elle. Mais Ferdinand secouait la tête. « Je préfère rester ici, assis tranquillement à sentir les fleurs. » Sa mère vit qu’il n’était pas malheureux, et comme elle était une maman compréhensive, même si elle était une vache, elle le laissa simplement être heureux.

Les années passèrent et Ferdinand grandit, grandit, jusqu’à devenir très grand et très fort. Tous les autres taureaux qui avaient grandi avec lui dans le même pré se battaient toute la journée. Ils se donnaient des coups de cornes et se piquaient. Ce qu’ils voulaient le plus, c’était être choisis pour combattre lors des corridas à Madrid. Mais pas Ferdinand. Lui, il aimait toujours s’asseoir tranquillement sous le chêne-liège et sentir les fleurs.

Un jour, cinq hommes arrivèrent avec des chapeaux très drôles pour choisir le taureau le plus gros, le plus rapide, le plus féroce pour la corrida de Madrid. Tous les autres taureaux couraient, soufflaient, sautaient et se battaient pour que les hommes pensent qu’ils étaient très forts et féroces et les choisissent.

Ferdinand savait qu’ils ne le choisiraient pas, et cela lui était égal. Il alla donc s’asseoir sous son arbre préféré. Mais il ne regarda pas où il s’asseyait et, au lieu de s’installer sur l’herbe fraîche à l’ombre, il s’assit… sur un bourdon !

Ferdinand bondit en poussant un grognement. Il se mit à courir, souffler, donner des coups de tête et gratter le sol comme s’il était fou. Les cinq hommes le virent et crièrent de joie. Voilà le plus grand et le plus féroce des taureaux ! Parfait pour la corrida de Madrid !

Alors ils l’emmenèrent pour le jour de la corrida, dans une charrette. Quel jour ce fut ! Les drapeaux flottaient, les fanfares jouaient, et toutes les dames avaient des fleurs dans les cheveux. Il y eut un défilé dans l’arène. D’abord vinrent les banderilleros. Ensuite les picadors à cheval. Puis le matador, le plus fier de tous. Il se trouvait très beau avec sa cape et son épée, et salua les dames.

Puis vint le taureau, et vous savez qui c’était, n’est-ce pas ? Ferdinand. On l’appelait Ferdinand le Féroce et tous les banderilleros avaient peur de lui, les picadors aussi, et le matador était terrifié.

Ferdinand courut au centre de l’arène et tout le monde criait et applaudissait, pensant qu’il allait y avoir un combat féroce ! Mais pas Ferdinand. Arrivé au centre, il vit les fleurs dans les cheveux des dames et il s’assit tranquillement pour les sentir. Il ne voulait pas se battre ni être féroce, quoi qu’on fasse. Il restait assis à sentir les fleurs. Les banderilleros étaient furieux, les picadors encore plus, et le matador était si en colère qu’il en pleura, car il ne pouvait pas parader avec sa cape et son épée. Alors ils durent ramener Ferdinand chez lui. Et pour autant que je sache, il est toujours là, sous son chêne-liège préféré, à sentir les fleurs. Et il est très heureux.

La fin

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